Le refus de paternité au Sénégal est un véritable problème pour les femmes et les enfants naturels. Soutenu par le droit sénégalais, le refus de paternité est le calvaire de beaucoup de mères célibataires parfois très jeunes devant braver seules les défis financier, social et psychologique d’un quotidien peu clément.
D’abord… mon-do-blog m’avait manqué. Mes lecteurs aussi. Aucune idée précise de ce qui m’avait retenu. Mais tout d’un coup, j’étais plus occupée à faire des plaintes sur Facebook et à parler foot sur twitter. Je sais que depuis mon dernier article, sur le féminisme au Sénégal justement, les polémiques sur la question foisonnent. C’était une étape difficile pour toutes celles et ceux qui se réclament féministes. Car elles écopent de tous les railleries et préjugés sur leur esprit égalitaire.
Bon ce n’est pas le sujet dont je vais parler mais faudra que je précise une dernière chose, permettez-moi. On a vu passer les théories antiféministes les plus absurdes , mais on en a tiré beaucoup de points positifs. D’abord le débat est présent maintenant. Finies les guerres de définition du féminisme, concept importé de l’Occident ou universel. Ce qui me réjouit c’est qu’on a passé cette première étape et on pose les vrais débats du combat féministe.
Voilà je vais vous parler d’un d’entre eux. J’ai trouvé une belle transition by the way n’est-ce pas ☺️ ? Euh… un peu longue j’avoue LOL.
Dans le vif du sujet…
En fait, l’un des problèmes actuels sur la toile c’est le refus de paternité au Sénégal. Saviez-vous qu’au Sénégal, un père peut légalement rejeter, désavouer son enfant conçu hors mariage ? Oh c’est un peu lourd comme formule. Mais c’est la réalité. Comme une femme peut porter seule et le fardeau d’une grossesse hors mariage et la lourde tâche d’élever son enfant seule. Parfois sous le regard dédaigneux d’une société qui la répugne.

Sauf une exception prévue par la loi sénégalaise, une femme peut être légalement abandonnée par son partenaire, par la société et par la justice après une grossesse hors mariage. Le refus de paternité au Sénégal revient de droit au père.
La recherche de paternité interdite
La mère devient subitement seule au monde, capable de « fabriquer » des enfants toute seule. Et elle en détient l’autorité et la tutelle. Bien sûr dans le cadre merveilleusement légal du mariage, c’est le père qui « fabrique » ses enfants tout seul. Une maman ne sera que mère porteuse. Il détient tous les pouvoirs, presque. Tout en étant leur tuteur légal, il décide souvent du prénom de son enfant. Et par-dessus le marché le droit sénégalais lui accorde une sacrée puissance paternelle. ?
Un homme qui prend la fuite après avoir enceinté sa partenaire ne court aucun risque. La mère peut avoir toutes les peines du monde à élever son enfant, à l’abriter… Mais le Sénégal n’y trouve rien de scandaleux. Après tout, il sort de certaines bouches que la femme pouvait s’éviter cette situation en obéissant à la religion. Mais quel est ce rapport avec la religion ? Où sont ces avocats religieux quand la loi sénégalaise autorise les relations sexuelles avant mariage ? En fait, on n’a aucun problème avec la religion. Non ! Mais plutôt avec le code sénégalais qui autorise une chose et interdit ses conséquences. Autoriser le refus de paternité au Sénégal c’est interdire un enfant naturel. Or qui se lance dans des expériences sexuelles court le risque d’avoir un enfant. Mais il semble que ce risque ne pèse que sur les épaules des femmes.
Même si un test ADN prouve la paternité, l’homme a le droit de rejeter son enfant. Le refus de paternité est une « faveur » accordée à des hommes lâches au détriment des femmes et des enfants. Sans problème ? Pendant ce temps-là, la maternité est forcée. Le recours à l’avortement est un délit au Sénégal. Mais le refus de paternité y est juste normal même avec toutes les preuves d’une paternité évidente
Le refus de paternité au Sénégal : une cause des infanticides
Ainsi, au fond du gouffre, certaines femmes mères d’enfant naturel se retrouvent perdues. Donc, entre une société contraignante, une justice qui les abandonne à leur propre sort, elles commettent dans certains cas l’infanticide. Selon l’ANSD (Agence nationale de la statistique et de la démographie), 43 femmes ont été emprisonnées pour infanticide-avortement en 2016 dont 7 mineures.
Il ne s’agit là de cautionner cet acte odieux. J’essaie de vous montrer la détresse, ô combien évitable, dans laquelle on a plongé ces mères.
Quand on trouve des corps de bébé dans des poubelles… On fait immédiatement le procès des mères en oubliant de faire celui de la société. Ça nous émeut, nous boulverse. Mais quelle était donc la situation de ces mères qui, souvent, étaient dans une confusion psychologique au moment de l’acte ?
« Malheureusement dans notre société, la seule réponse apportée à leur acte, c’est la prison »
« Au moment d’ôter la vie à leur bébé, elles étaient dans un état de confusion mentale. C’est pourquoi elles vous disent qu’elles ne l’ont pas tué »
Serigne Mor Mbaye, psychologue https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/09/18/condamnees-pour-infanticide-des-senegalaises-racontent_5187443_3212.html
Nous posons-nous les bonnes questions ? Avons-nous voulu mettre fin à ces atrocités en nous interrogeant sur leurs sources ? En vérité, beaucoup d’entre nous avons choisi d’être complices.
Elles se retrouveront en prison seules, sans savoir comment. Parfois même c’est le partenaire qui propose un infanticide ou un avortement clandestin. Dans ce reportage , une jeune femme avait décidé avec son partenaire de jeter leur bébé dans une fosse commune.
Des défis colossaux pour les mères célibataires

D’une part, l’indépendance financière de toutes les femmes est illusoire. D’ailleurs, parler d’indépendance financière peut paraître osé, prétentieux voire ridicule aux yeux des phallocrates. En quelque sorte c’est s’approprier une partie des devoirs du mari (toutes les filles étant programmées pour le mariage). D’autre part, leur partenaire est souvent leur source de revenus. Donc imaginez la situation d’une femme non autonome confrontée à une grossesse désavouée par son partenaire.
En plus de la lourde tâche de mère célibataire, il faut dissimuler le statut de « père inconnu ». Les femmes dans cette situation font face à la question redoutable de leurs enfants sur l’identité de leur père. Certaines leur diront que leur père est en voyage tandis que d’autres leur feront croire qu’ils sont orphelins.
Une violence juridique faite aux femmes
En résumé, l’interdiction de recherche de paternité est simplement une violence juridique que subissent les femmes. Le refus de paternité a rendu la vie dure à beaucoup de femmes et enfants. Le code de la famille sénégalais doit changer. Il y figure encore des traces importantes de sexisme.
C’est le défi des militants des droits des femmes et des militants des droits des enfants. Il est en fait inadmissible de reconnaître la paternité d’un enfant que quand le père le veut. Quand on consent à des relations sexuelles, on doit en assumer ensemble l’enfant qui naît.
Plaidons pour la paternité forcée. On est au XXIe siècle mais la science n’a toujours pas le dernier mot. Car le test de paternité est nul tant que le père présumé nie. Seriously ?! Un feu vert à la lacheté de ces pères. Un truc du genre: « enceintez autant de femmes que vous voulez! vous vous en tirez facilement. Celles qui portent les enfants porteront seules le poids de vos actes« .
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